Encourageons local… mais pas trop?
Ah, le mouvement d’achat local… Cette belle idée qu’on brandit fièrement sur les réseaux sociaux, entre deux cafés Starbucks, une commande passée sur Amazon et un partage d’article sur l’importance de soutenir les entreprises d’ici.
Ça me fascine.
Prenons Steve. Steve est un gars bien. Il achète son café dans une brûlerie locale, il prône l’achat de produits canadiens, il partage des articles sur l’importance de soutenir les entreprises d’ici. Il se félicite d’avoir payé 20$ de plus pour un chandail fabriqué au Québec.
Bravo Steve. Vraiment.
Sauf que vous commencez à me connaître, hein?
Voici une perspective de mon point de vue, quelque chose que je côtoie dans ma réalité assez régulièrement...
Pourtant, quand vient le temps de réserver ses vacances, Steve booke son tout-inclus chez Costco, son vol sur Expedia, son hôtel sur Booking. Pourquoi? Parce qu’il a vu un rabais! Enfin… ce qu’il pense être un rabais (si tu savais!!).
C'est là que je décroche.
Pas parce que je veux convaincre qui que ce soit d’acheter avec un conseiller, je connais ma valeur et je monte bien ma clientèle. Mais bien parce que c'est l’incohérence qui me sidère.
(Petite parenthèse ici: le débat n’est pas de savoir si toi, t’as pas envie de boycotter les produits américains. Si tu veux continuer d’enjoy ton café Starbucks parce que t'aimes ça, si tu veux continuer de voyager aux États-Unis pour x, y, z raisons, t’as entièrement la liberté de le faire. Fait ce que tu veux. Mon but est de mettre en lumière l’absurdité du comportement de ceux qui font semblant d’en comprendre l’impact ou qui suive un mouvement… juste parce que tout le monde le fait. Pis parce que ça fait cute sur les réseaux.)
Comme Steve, on est capables de s’indigner collectivement pour protéger le sirop d’érable, mais on n’est pas foutus de comprendre qu’un voyage acheté via un professionnel d’ici, est la seule façon de voyager en encourageant local. Le pire, c'est que ça coûte souvent le même prix, voire moins cher, avec en prime un service personnalisé et un humain pour gérer les imprévus.
En changeant mon argent canadienne en euros dernièrement, la caissière m'a dit, bien surprise de savoir ce que je faisais dans la vie: "ça marche encore comme job ça, des agences de voyages?". (Tu aurais probablement aimé voir ma réaction, j'te raconterai une bonne fois.)
Je trouve ça absurde qu’en 2025, je doive encore expliquer et convaincre les gens de l’utilité de mon métier.
Ça, c’est un peu comme dire “J’encourage les artisans locaux” dans une story sur Instagram, pis faire un haul de tes trouvailles Dollarama sur TikTok 10 minutes plus tard.
Bref, tu vois l’absurdité?
Dès que le Québec est moindrement ébranlé, on crie au mouvement “achetons local”, mais soyons francs… acheter local, ça ne se résume pas à boycotter Amazon et acheter un savon par année dans un marché de Noël. Ça va plus loin que ça.
Si t’es le premier à prôner l’importance de soutenir l’économie d’ici, pourquoi ton réflexe est-il encore d’acheter en ligne dès que ça touche un service?
Pourquoi tu penses encore qu’un conseiller en voyage, c’est cher, et que toi, tu t’y connais mieux?
Pourquoi tu ne réalises pas qu’un conseiller en voyage est une PME locale, un travailleur autonome, un expert qui gagne sa vie avec ça?
Les grandes plateformes prennent une belle commission, mais au lieu que ce soit un Québécois qui en profite, ça part direct dans les poches de multinationales.
Multinationale qui, d’ailleurs, ne se souviendra même pas que tu existes quand ton vol sera annulé. Just saying.
En faisant ça, tu finis par nuire à l’économie locale et à ton propre accès à des services personnalisés.
Pourquoi, selon moi?
Parce que les gens ne savent pas ce qu’ils ne savent pas.
C’est logique comme phrase, tu me diras! Mais prends deux minutes, relis-la et réfléchis-y quelques instants.
“Les gens ne savent pas ce qu’ils ne savent pas.”
Mais bon, en attendant, Costco te donne des points sur ta Mastercard, hein.