J'aurais eu envie que tu sois éternelle
Les jours passent et bien que je fasse de l’écriture un partage d’expérience, c’est aussi un énorme travail sur moi. Presque thérapeutique. Une fois mes pensées sur papier, c’est comme si je me voyais de l’extérieur. Comme si je volais au dessus de moi. Un peu comme tu le fais d’ailleurs.
Tu me manques mamie.
Tandis que je survolais mes archives écrites, celles qui semblent provenir d’une autre époque, je suis tombé sur ces mots. Ces mots que je n’ai jamais pu te dire en vrai. Ceux-là qui ont raisonnés dans l’église alors que je lisais ma feuille qui tremblait au rythme de ma peine. Au rythme de ma timidité qui s’en balançait ce jour-là. Au rythme des pleurs étouffés des gens venus pour te dire un dernier au revoir.
Ce jour m’a marqué. J’aurais tellement eu envie que tu sois éternelle mamie.
“Dites-moi comment surmonter ça? Parce que même le plus haut des sommets ne suffirait pas. Une fois la seconde passée, elle ne se rattrape pas. Profitons de la vie, alors qu’elle est encore devant soi. […] On court après le temps, sauf qu’on ne peut l’atteindre. On fuit toujours, on fuit la vie, mais au fond, on se fuit soi-même. […] À quoi bon, il n’y en a pas de vérité, si ce n’est que de faire face à la fragilité qu’une vie peut posséder. La mort a frappé à ta porte et même si je savais qu’un jour ou l’autre, tu n’aurais plus le choix, je te voulais encore un peu plus longtemps près de moi. [...].
Ta vie n’a pas toujours été vêtue de voiles blancs et ornée d’argent, mais elle était riche à ta façon. Aujourd’hui, c’est à nous de vivre avec ce changement. [...] J’ai eu le privilège de t’avoir vu sourire, te remémorer de bons souvenirs. Mais aussi pleurer, quand tu m’as raconté ces bribes de ton passé. J’ai encore de la misère à croire que c’est la fin pour toi. Que je suis obligé de te dire au revoir et te dire merci pour les instants près de toi. [...] Que la tendresse de la nuit et l’amour d’une vie, me donne la force de combattre ça et de réapprendre à vivre sans toi.”
…
Ça, ce sont des extraits brouillons du texte que j’aurai finalement lu à tes funérailles. Ces pages qui auront noircies le journal intime de mes 13 ans. C’est vrai que j’ai appris à vivre sans toi, mais tu es toujours dans mes pensées et ça, c’est réconfortant de savoir que tu n’y disparaîtra jamais.
Je l’avoue, parfois je te parles encore en me faisait accroire que tu m’entends quelque part. Cette fois, après être tombé sur ces vieux écrits de ma vie, je n'ai pas pu me retenir. Peut-être parce qu’on dit que les écrits restent. Peut-être parce que j’ai eu envie de voler au-dessus de moi pour essayer de te rejoindre, ne serait-ce que le temps d'écrire ces mots.
Un peu comme tu l’as fait d’ailleurs.
Marie-Soleil English