Ma liste de priorités - Texte d’une lectrice
Ce beau matin de novembre, la vie m'a envoyé un signe, du moins, l'obligation physique de prendre une pause.
Dans la vie effrénée des dernières années, en ce matin de novembre, mon corps a flanché. Depuis quelques temps, j'éprouvais une douleur que je me forçais à cacher et ignorer faute de "temps". J'ai le travail, trois enfants jeunes et merveilleux, un mari aimant et travaillant, mais moi, je n'ai pas le temps pour les bobos. Ça doit passer voyons, ça passera.
Mais ce matin-là, mon corps ne m'a pas écouté. Lui, il a décidé que c'était le temps. Le temps d'être malade contre ma volonté. Mon conjoint, lui aussi, a décidé que c'était assez. Il m'a presque mise de force dans la voiture, direction urgence. Résultat: quelques heures plus tard on m'annonçait que je devais me faire opérer d'urgence.
La panique
Pas la panique de l'opération, mais la panique de comment s’organiseront les prochains jours. Les enfants, leurs devoirs, les repas, le ménage, le travail, etc. Je ne faisais que penser à ça.
Le lendemain matin, c'est à ce moment que ça m'a frappé. Seule dans ma chambre d’hôpital, je me remets à penser aux paroles du médecin de la veille. “Une appendicite c'est du sérieux, pourquoi n'avez-vous pas consulté avant? Vous avez eu de la chance!”
La seule réponse que je trouvais à son questionnement était que je n’avais pas le temps.
Le temps de quoi?
Pendant que je m'obligeais à veiller au confort de tous et chacun, j'ai oublié le mien. Je me suis oublié, faite passer en bas de la liste de priorités.
Comme si être malade ça pouvait se prévoir quelque part à l'agenda. Dans 15 ans, quand les enfants seront partis, qu’il y aura moins de responsabilités, de ménages et compagnie et que le chum travaillera peut-être moins. Ben oui ma grande! Là, tu auras le temps!
Bien non, ce n'est pas comme ça!
Une vraie claque au visage.
J'ai 30 ans et je ne me souvenais plus du dernier moment où j'avais pris une pause, une vraie là. En fait, je m'en souviens, ça remonte à il y a 9 ans où là aussi, j'avais été très malade. Je venais de terminer mes études combinés à la fois à du 35 heures de travail par semaine, un déménagement et un nouvel emploi. Une fois remise sur pieds, j'avais repris la danse de plus belle. Je n'avais pas compris.
Là oui, j'ai compris. Si j'avais pris le temps d'être au sommet de ma liste de priorités, ça se serait peut-être produit, mais pas aussi loin et pas aussi mal en point.
Dans la vie de nos jours, j'ai l'impression qu'on doit toujours être au top. Au top de quoi? Des super-mamans, des super-épouses, des super-employés...
Et si j'étais seulement au top de moi, au top de ma liste de priorités? Et si je prenais le temps de me choisir?
En tout cas, là j'en ai envie, pour mes enfants, mon conjoint, ma famille, mes amis.
Pour MOI.
Marilou Ritchotte - Collaboratrice spontanée