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Ce jour-là, dans un café de la rive-nord

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Ce jour-là dans un café de la rive-nord Marie-Soleil English

Ce n'est pas un secret, j'aime la solitude. C'est souvent seule que j'arrive à grandir et à apprendre à m'aimer, aimer les autres, aimer la vie.

J'ai réalisé dernièrement que le regard des autres m'affectait encore trop. Parce que l'humain, trop souvent, se dessine une perfection virtuelle qui ne me colle pas à la peau. Derrière des selfies qui n'assument pas l'authenticité et qui valsent d'un écran à un autre pour quelques pelletés de "j'aime" trop calculés, ce jour-là, j'ai découvert quelque chose de tellement plus grand. Pendant tout ce temps, perdue à chercher des réponses sur des applications ridiculement prédéfinies, mon œil s'est détourné de ce qui est resté bien réel.

Ce jour-là, dans un café de la rive-nord, j'ai décidé de mettre pause. Seule, une main tenant mon café et l'autre valsant sur son rythme tactile, j'ai levé les yeux de cet écran, ce voleur de temps. C'est comme ça que, en pleine société, j'ai rallumé mon regard sur les gens.

Ce jour-là dans un café de la rive-nord, j'ai forcé mon regard à croiser celui des autres. Un enfant m'a remarqué en premier. Il m'a sourit maladroitement, ne sachant pas trop ce qu'il devait faire. Je suis resté là un bon moment, alors que j'apprenais à meubler le temps avec autre chose que mon passe-temps écranique.

Un homme s'est empressé d'ouvrir la porte à une famille quand il a vu de loin, la maman aux bras pleins. Deux femmes s'échangeaient des confidences dans une conversation complice, remplie de sincérité et de fou-rires. Une femme d'âge mur a débarrassé la table voisine de déchets qui ne lui appartenaient pas. Je me suis demandé où étaient désormais les spectateurs de ces gestes de bonté. Ils étaient pourtant bien là, mais maintenant assombris par la routine moderne. Camouflés derrière ce que nos yeux habitués ne voient plus.

Ce jour-là, dans un café de la rive-nord, j'ai compris que rien n'avait changé. Si ce n'est que notre perspective curieuse de l'idée qu'on se fait du monde à travers une fausse réalité.

Le bonheur est souvent là, juste devant toi. Lève les yeux quelque fois, je te promets que c'est beau. Bien qu'il y ait de bons côtés à cette technologie, voilà que depuis ce simple café, j'ai compris comme il était bon de me connecter un peu plus à l'essentiel et un peu moins au virtuel.

Marie-Soleil English