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À celle que je voulais être

C’est fou de se rendre compte à quel point une épreuve nous change. Une fois qu’on le comprend, on remarque que chacune d'elle a eu son côté bénéfique dans l’évolution de notre grandeur d’âme. On sait aussi que tout ce qui viendra ne sera plus jamais affronté de la même façon.

C’est pour ça que je me fais le cadeau de m’écrire cette lettre. De l’écrire à celle que je voulais être, car aujourd’hui, il est plus que temps que je lui dise au revoir.

À celle que je voulais être,

Je n’y arrive pas. J’essaie de fuir la réalité, mais à force de la repousser, elle m’envahit de jour en jour. J’ai pleuré, tellement pleuré. J’aurais tant voulu devenir celle que je n’étais pas. Mais ça, c’est terminé.

Je dis depuis bien longtemps qu’avant d’aimer on doit s’aimer soi-même. C’est bien de le dire, mais je sais maintenant que je n’y arrivais pas. J’avais toujours cette impression que je ne serai jamais capable d’être celle que je voulais. La fille mince, qui fait de l’entrainement sa priorité absolue. La mère dévouée qui prépare tout, pense à tout et n’oublie jamais de payer un compte avant la date. La femme de carrière pour qui tout va toujours comme sur des roulettes et qui rapporte un salaire plus que considérable à la famille.

Je ne sais pas trop jusqu’où je me suis laissé avoir par le regard de la société. Chose certaine, je n’étais pas celle que je voulais être. Aujourd’hui, je ne suis pas plus belle, ni plus mince, mais je veux m’accepter ainsi. Je veux m’aimer au-delà de ça. Je veux m’épanouir et montrer à mes enfants que leur maman est plus que vivante et heureuse. Je ferai d’autres erreurs certainement. Je continuerai de vivre des épreuves, c’est vrai. Mais je veux sourire, même les jours de pluie et me laisser guider vers qui j’ai envie d’être. Moi. Je veux danser à nouveau. Je veux chanter, même si ça sonne faux.  Avant, je n’étais qu’un robot. Programmé à n’être que celle que je voulais être.

Je sais maintenant et j’assume qui je suis. Totalement imparfaite. Imparfaite, écorchée, mais grande plus que jamais. J’ai des courbes et je m’en balance. Je vais même apprendre à les aimer. Je n’ai maintenant qu’une envie, celle de profiter de la vie qu’on m’a offerte. J’emmerde les regrets. Je vis chaque moment, car demain, il sera trop tard.

Maintenant, à toi celle que je voulais être, je te dis au revoir et ne revient plus.

Jamais.

Marie-Soleil English