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Les fées et leurs conneries

Qui a décidé que les contes de fées se racontaient jusqu’au mariage? Que c’était ça le but ultime de ces histoires-là. « Ils vécurent heureux », ça veut dire quoi ça?

J’ai porté la grande robe blanche, descendue l’allée à ton bras, parce que c’est comme ça que nous, nous l’avions amoureusement décidé. Je t’ai offert mon cœur, mon âme et mon corps. Tes bras ont consolés plus d’une fois ma vie brisée. Ta main a serrée la mienne alors que je donnais la vie. Les yeux brillants d’amour, je t’ai tout donné de moi sans me douter qu’un jour, ça pouvait changer. Parce que j’y croyais. C’était ça la vie des princes et des princesses. Nous, il ne nous restait simplement qu’à vivre heureux, non?

Puis soudainement, j’ai eu l’impression de parler à un autre homme. Comme si le temps nous éloignait de qui nous étions. J’ai alors compris que des papillons, ça s’envole un jour. En même temps, peut-être qu’on en est rendu là. Que c’est comme ça que les couples des temps modernes se séparent. Peut-être que les contes de fées, ça se terminent là?

Le temps passe. Les promesses s’éloignent tandis que la routine et ses responsabilités s’installent. On se parle de moins en moins, prenant pour acquis qu’on sait déjà. Les jours nous changent, mais on est toujours là. Debout contre le vent qui, naturellement, nous affronte à contre sens.

Si au moins, on m’avait prévenue que de vivre heureux était un combat éternel. Là, je viens de le réaliser, mais les armes se font lourdes et je suis étourdie. À force de tout donner, j’ai peur de perdre qui je suis et de ne plus me reconnaître. Pourquoi ne m’avait-on jamais expliqué non plus que pour aimer, je devais m’aimer. Et que je devais m’aimer au-delà des blessures encaissées au combat et des marques qu’elles laissent.

Pourtant je sais. Je sais que nous sommes encore là, quelque part et amoureux. Je le sais parce que parfois, les papillons reviennent. Je le sais, car j’ai envie de t’aimer simplement et à jamais. D’emmerder les fées et leurs contes sans fin. De balancer mes armes en pleine gueule à la routine et de t’aimer comme j’en ai envie. Maintenant.

Je veux te tenir la main et prouver à ces écrivains qu’il y a une suite à leur bullshit et que c’est une fois qu’on l’a compris qu’on connait réellement toutes les conjugaisons du verbe aimer.

 Marie-Soleil English