Je ne suis pas une bonne amie
Je suis positive. J’aime la vie. J’ai des opportunités que d’autres passeraient leurs vies à espérer. Je suis entourée de gens que j’aime. Je me sens heureuse. Je crois en moi. Mais il y a ce bémol, je me sens terriblement seule, car je le sais maintenant, je ne suis pas une bonne amie.
Pourtant, c’est moi la seule à blâmer dans ce contexte. Les qualités qui font de moi une personne fonceuse et indépendante, sont les mêmes qui me freinent devant l’amitié. Trop souvent trahie à différents niveaux dans ma vie, je n’ai jamais réussi à retrouver une confiance assez grande en quelqu’un pour me faire le cadeau d’une vraie amitié profonde. C’est le seul bout de mon passé qui a encore de l’emprise sur ma vie actuelle. Comme si en faisant toujours tout, toute seule, c’était ma façon de me protéger. Je sais que je ne décroche pas, que j’ai toujours ce sentiment en arrière plan qui me dit de garder le contrôle sur ma vie, de tout analyser et je ne m’ouvre pas.
Le temps file. Je le sais et j’en fais presqu’une obsession. Comme si maintenant, à l’aube de mes 30 ans, je venais de réaliser à quel point tout va trop vite et qu’amicalement, je vieillie seule.
Je voudrais être une amie sincère. J’aime vraiment ceux qui font partis de ma vie à qui j’ai peur de m’ouvrir malgré tout. De qui je me retiens de prendre des nouvelles et d’inviter à prendre un verre. Je voudrais me permettre d’aimer amicalement, mais je sais que je n’ai plus la naïveté d’avant. Je suis figée par la peur du jugement, du rejet,… Je sais que c’est con. Que je devrais me laisser aller, mais je suis figée. Pendant que certains pourraient envier ma vie, moi je prendrais une épaule sur laquelle me poser. Pleurer mes accrochages et ma vie qui tourbillonne parfois trop vite. Boire un coup, sans me soucier de ce que je pourrais avoir l’air. Parler de tout ce qui me traverse l’esprit. Avoir quelqu’un qui me prend dans ses bras pour consoler mes bouts de vie brisés, ceux que je ne montre à personne. Rire à m’époumoner. Chanter comme je ne me suis jamais permis de chanter. Sentir que je compte pour quelqu’un d’autre qui ne vit pas sous mon toit. Être moi en tout temps, sans filtre.
Bien que j’écrive mes pensées depuis que je sais écrire, ce texte aura été un des plus dures à rédiger sans que les larmes voilent mon regard. Parce que j’arrive à 30 ans et que je réalise que je ne suis pas une bonne amie. Que c’est de la faute de personne, sauf moi. Que parmi les blessures qui ont forgées qui je suis, je ne réussie pas encore à bien m’y prendre pour guérir celle-là.
J’aurai hésité longtemps avant de publier ce texte. Est-ce la honte d’être à la fois entourée et seule? Est-ce la tristesse de n’avoir la force que de l’écrire, cachée entre ces lignes? Est-ce la peur de me faire mal comprendre pour ce sur quoi j’ai tant de mal à mettre des mots? Je ne le sais pas. Ce que je sais, c’est que je choisis aujourd’hui de me faire le cadeau d’aimer à nouveau et de faire renaître le moi, sans filtre.
Marie-Soleil English